Dernier jour de cours au lycée MD?
Peut-être. Enfin. Déjà.
Je n'sais pas si je dois être heureuse, ou au contraire être un minimum triste.
Se rendre compte qu'on a passé trois ans de sa vie, sans trainasser toute la journée avec sa M.A. Que l'on a passé trois ans de sa vie dans un nouveau lieu, parfois synonyme de jungle, mais parfois aussi d'exil. Le lycée. J'ai aimé. Même s'il a fallu que je découvre que je n'étais plus rien aux yeux des anciens. Mais qu'importe, puisque essentielle je suis devenue au près des nouveaux, et cela sans once d'arrogance. Et donc, triste aujourd'hui de savoir qu'il y en a un qui va migrer à Lille, que d'autres iront rejoindre les bancs de la fac, en médecine, en licence de géo, d'anglais, de droit (à la Sorbonne siouplaît), tandis que d'autres sueront en prépa. Le groupe, comme s'il ne l'avait pas déjà suffisamment été, sera encore plus écartelé, en espérant néanmoins le moins possible. En faite, je suis comme une voiture. Sans pétrole, matière si chère et précieuse, ce n'est rien. Mes amis, c'est pareil. Ils me sont chers et précieux. Sans eux, je n'suis rien.
D'ailleurs, je suis tellement "rien" que je me demande pourquoi ils sont à mes côtés. Que me trouvent-ils? Ou alors que trouvent-ils en moi, que d'autres personnes ne trouvent pas? Il s'avère que je connais tout le monde au lycée, mais que personne ne me connaît. A par eux. Ceci me turlupine quand même. Si j'arrive à rigoler avec eux, pourquoi ne le fais-je pas avec d'autres personnes? Les gens de ma classe par exemple. On passe en moyenne six heures par jour, ensemble, dans la même pièce, et pourtant on ne se parle pas.
Mon article n'a strictement aucun sens. Tout ce que je voulais dire, c'est que je connais tout le monde au lycée, mais personne ne ME connaît. Comment se fait-il que je sois aussi transparente? Que je ne sois pas le genre de fille qu'on invite? A qui on adresse pas la parole dans les couloirs? Donnerais-je l'air d'une conasse pas aimable? Ou mieux encore, l'image d'une fille inaccessible? Que de questions pour aboutir à cette conclusion: j'aurais passé trois ans de ma vie avec eux. Sans plus. Mais c'est quoi le mieux? Être avec des vrais, ou traîner avec des faux, sortir tous les soirs, se bourrer la gueule comme eux, et perdre de jours en jours ce que je suis, et oublier d'où je viens? Après tout, le nombre d'amis, on s'en fout. Le genre de fête, aussi. Alors pourquoi est-ce que je ressens ceci, ce sentiment de ne pas avoir profité entièrement de mes trois années de lycée, de ne pas avoir rencontré plus de monde, et donc au fond, de n'être rien, absolument rien, auprès d'autres?
Et ça va être pire quand je serais toute seule dans mon trou perdu. Là, à coup sûr, tout le monde m'aura oublié.