Qui dit prépa, dit concours. Et qui dit khâgne, dit ENS. Ulm pour mon cas. C'est un peu à quoi se résume ma vie en ce moment. Entre révisions, stress et grosse marrade. Oui oui, je trouve aussi que c'est paradoxale. Deux années de prépa, deux semaines d'intenses révisions et déjà trois épreuves de passées: philosophie, lettres et histoire. Dix-huit heures d'épreuve, et on enchaîne avec de l'anglais et du latin la semaine qui arrive.
C'est vraiment impressionnant. Nous sommes environ 1700 candidats, rien que pour la région Île-de-France, entassés dans un même hangar. 1700 poulets. 1700 khâgneux, un bon gros nombre de je-m'en-fous-tistes, quelques personnes sérieuses qui, à cause du concours commun ont quelques enjeux, et une petite poignée de grosses têtes (souvent au sweat "Lakanal ENS Ulm 2011 je suis riche et pédant tkt") qui veulent au moins être sous-A. 1700 "littéraires" qui correspondent malheureusement aux clichés que l'on connaît tous. La khâgneuse modèle, spécialisée en lettres modernes, blonde, et bien sûr, qui porte une marinière et des lunettes à épaisses montures. Le khâgneux modèle, spécialisé en anglais, polo VA, mocassins et tout le toutim. La hippie, spécialisée en histoire médiévale, sarouel ethnique, bijoux multicolores, et foulard enroulé autour de la tête. L'artiste incompris, spécialisé en philosophie, les cheveux longs et l'esprit rêveur...
Puis les trois quarts de ma classe qui viennent en touriste, chapeau de paille, bermuda et tongs, pour repartir au bout de deux heures. Voire même, qui ne viennent pas du tout...
Jeudi, pendant ma pause pipi lors de l'épreuve de lettres, j'ai commencé à rire toute seule. A cause de cette grosse blague qu'est ce concours. En philo, on a eu un sujet sur la science, c'est-à-dire le thème qui est au programme depuis deux-trois ans et qui vient enfin de tomber. En sortant de l'épreuve de lettres, nous n'étions pas d'accord sur le thème qui avait été choisi: tandis que certains pensaient qu'il s'agissait de "la représentation littéraire", d'autres ont disserté pendant six heures sur "prose et poésie". Moi, j'ai principalement développé sur "l'oeuvre et l'auteur". Et pourtant, nous avions tous eu le même sujet... Et enfin, le plus drôle c'était quand même hier, en histoire. "Le travail des femmes". LE sujet qui est tombé au concours blanc du premier semestre, et pire encore, LE sujet qui est tombé cette année à Science Po Paris. LE sujet que tout le monde avait déjà traité en cours... La preuve, la plupart des candidats ont torché l'épreuve en trois heures...
Bref, c'est fou. A chaque fois, on ressort d'une épreuve sonné, soulagé, fatigué. Puis on rigole quand on repense à ce que l'on ressent au moment de la distribution des sujets: une envie de mourir tellement ce stress est poignant (ou pire, une envie de frapper tous ces gens qui sont là avec leurs fiches dans le métro...). Et pourtant, c'est l'ENS, le concours-lol parce que personne n'a de notes correctes et que très très très peu de gens sont pris. Mais bon, on peut toujours espérer une admissibilité ailleurs...
